mercredi 28 mars 2012

absinthe


Quand j'ai fait ça, je me suis dit "on va essayer de commencer un truc sur le pouce, sans faire de recherche, sans savoir comment ça commence et comment ça se termine". Alors ça a donné une histoire, une parcelle de vie sur un rêve décousu fait dans un rer. Je sais que c'est illisible, mais les rêves aussi sont illisibles. je pense que l'écrire proprement lui ferait perdre de son sens.
Je me demandais. c'est chiant que j'écrive sur mes dessins, ou pas? Ce n'est pas (tout n'est pas) une question de "tu fais ce que tu veux c'est toi c'est ta vie tu es majeure et vacciné". Mais il y a souvent un décalage entre ce qu'on veut transmettre et ce que les gens voient.
Depuis quelque temps j'ai vraiment une lecture différente des fictions, une sorte d'analyse. Je découvre des trucs sur des trucs que je connais et que j'avais pas vu comme ça avant. Et je me demande, "dans ce que l'auteur veut transmettre, quelle est la part qu'on ingère et qu'on garde sans y penser? qu'est ce qu'on ne remarque pas de capital?"
Et j'en conclu à chaque fois que c'est toujours plus dur de se faire comprendre.
Il y a tellement de choses consommables. Je veux tout lire, et je n'ai pas le temps, et si je lis le plus possible je ne lis pas vraiment en profondeur. Il faut réfléchir de nouveau aux choses que l'on lit. C'est plus amusant. Les choses qu'on lit, tout ça nous construit, on l'assimile et on ne se rend pas compte de ce que ça peut nous faire devenir.
Dans quelle mesure les fictions m'ont construise telle que je suis? Aujourd'hui en classe, il était question de manga, de ceux qui les lisent au lycée, de ce qu'ils apprécient en fonction de leurs classes sociales. Le manga apparait souvent comme une distraction "basse", parce qu'il est mal lu et mal compris. Je veux dire. Pour ces jeunes, j'ai eu l'impression que fma n'était qu'un manga de baston. Pour moi c'est beaucoup plus que ça. Il y a énormément de bonnes choses dans fma. Mais peut être que ces jeunes l'ont assimilé sans le remarquer, ou alors n'en ont rien retenu.
Bien que le courant mainstream soit très cisgenre (shonens= bastons shojos=sentiments), le manga est dans notre société, l'échappatoire par la fiction aux normes de genre le plus accessible. Ce n'est pas de la bd, c'est de la série télé en dessin: les personnages sont plus développés que dans les 46pages-couleurs franco-belges, se rapprochent plus du roman. Les histoires sont aussi complexes que celles des séries télé, mais il ne faut pas de gros budget pour produire une série manga.
Donc on a des histoires ou les filles ont des pouvoirs (magical girls, certains shonens ) et de nombreuses séries dont les personnages se travestissent. ça va des petites détails de filles fortes dans des shonens très lus à des publications ou le queer a une part plus importante. Et puis le yaoi, yuri. Aucun autre média ne propose ça pour les jeunes. Et c'est quelquechose de très important. J'avais 14,15 ans,j'étais déjà queer, et je ne le savais pas. Tout ce que je savais, c'était que pour moi ça ne marchait pas pareil. Avec Utena j'ai su que je pouvais être un prince. J'ai lu pas mal de yaoi parce qu'ils me permettaient d'échapper à une hétérosexualité présente partout ailleurs. (à ce moment là, pas de yuri disponibles. même maintenant il y en a encore très très très peu). Lire tout ça m'a fait tellement de bien. Je veux faire une étude sociologique sur l'approche que les gens queers ont eu des mangas dans leur construction mentale.
Et là, est ce que je parle seule tant ma tête, ou est ce que vous avez l'impression, l'impression, l'impression de comprendre?






petit dictionnaire maison au cas où. Cisgenre: se dit d'un individu dont le comportement/rôle (genre social) est considéré traditionnellement comme appartenant à son sexe biologique. Queer: se dit d'un individu qui n'est ni cisgenre ni hétéro (on peut être un queer hétéro et non cisgenre).

6 commentaires:

  1. Étant donné que ce que tu "racontes" est un rêve, je pense que ça n'a pas à avoir de "sens" pour les autres. Un rêve n'a que spontanément peu de sens même pour la personne qui le fait. Et après analyse, les élements du rêve prennent des significations différentes en fonction de la psyché du rêveur.
    'Fin bref, tout ça pour dire que c'est fort joli, j'aime beaucoup les couleurs et l'effet de confusion et qu'on s'en fiche si ça n'a ni queue ni tête pour le lecteur.

    La conférence sur le manga devait être intéressante. Je pense que ce qu'on lit et ce qu'on voit nous influence, même si on n'en a pas forcément confiance au premier abord. Le manga a commencé à être réhabilité en France, mais il n'a pas encore acquis ses lettres de noblesse. Pourtant, de nombreux mangas sont visuellement magnifiques et certains ont des scénarios meilleurs que ceux de romans à succès.

    Je n'ai jamais rien compris à Utena... J'avoue, mais je ne l'ai pas revu depuis mes 14 ans, donc peut-être comprendrais-je mieux l'histoire/les sous-entendus si je le regardais à nouveau maintenant? Le premier manga que j'ai lu était Card Captor Sakura (comme pour beaucoup d'autres personnes de mon âge il semblerait) et ensuite beaucoup de mangas de Clamp... ça a du m'influencer parce que j'adore dessiner des personnages borgnes ou auxquels il manque un membre. >.>; (j/k)

    Au fait, t'as deserté LJ? Je demande ça parce que là j'ai trouvé le post en cliquant sur tumblr. Et j'avais zappé que tu avais un blog. Je trouve les blogs difficiles à suivre, je reste très fidèle à LJ. xD

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  2. merci!

    "Je pense que ce qu'on lit et ce qu'on voit nous influence, même si on n'en a pas forcément conscience au premier abord"
    oui, ça nous construit, et c'est assez effrayant. Revient alors la polémique du "faut il que je laisse mes enfants lire/regarder ça?" j'ai été beaucoup interdite de çi et de ça par mes parents, qui les jugeaient stupides/malsaines/mauvaise influence. Je ne sais pas si interdire est une bonne chose ou pas. Ne pas avoir accès aux mêmes médias que mes camarades a probablement joué un grand rôle dans ma non-socialisation. je pense que le plus important est de développer le regard critique de l'enfant. Peut être regarder avec lui et en parler. Je pense à "Chocola et Vanilla". Je l'adore, mais je suis très sceptique sur le coté "filles de 11ans qui se maquillent pour séduire les garçons et obtenir leur affection".
    Les mangas sont critiqués, mais il y a des "bonnes" et des "mauvaises" œuvres dans tous les médias. La peur du manga vient peut être aussi de la peur d'une culture qu'on ne comprend pas. Il y a aussi un front contre car ils sont de plus en plus vendus, et il y a l'idée que les acheteurs prennent des mangas au lieu de nourrir les auteurs bien de chez nous. Mais bd et manga n'ont pas le même lectorat. Ceux qui lisent des mangas y trouvent ce qu'ils n'ont pas dans la bd. Donc cette peur n'a pas lieu d'être.

    Moi aussi, Sakura était mon premier! Après avoir vu la série sur m6. A part celui là je n'ai presque pas lu de clamp. Plus tard, un peu de xxxholic, que j'aime toujours. Je viens de me rendre compte que la plupart des bds/mangas que j'aime sont partagés entre le fantastique ancré dans le quotidien et le contemplatif.
    Je n'ai aussi pas compris grand chose à Utena, en manga ou en anime. l'anime est plus long, développe une fibre comique en plus de la fibre mélancolique/triste, qui est renforcée. j'en ai surtout retenu le coté "être une fille et un prince", que je n'ai pas trouvé ailleurs.

    Sur lj, il devait y avoir 3 personnes qui me lisaient. Peut être que j'y retournerais, je ne sais pas. J'aime bien blogspot, parce que je peux "suivre" les nouveautés des blogs et sites sur mon "dashboard", en m'y abonnant. Donc c'est très pratique et je passe beaucoup de temps dessus. Le seul bémol est qu'il n'y a pas d'avertissement pour les réponses aux commentaires. Je t'encourage vivement à utiliser le dashboard de blogspot, très bien pour suivre les blog!

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    1. Je réponds 10 ans plus tard...

      Le gros problème des mangas en France, c'est que quantité n'est pas synonyme de qualité. Le marché français a été innondé de mangas en tous genres en très peu de temps et les stratégies de vente des maisons d'édition japonaises étant ce qu'elles sont, ça n'a pas été bon pour l'image de ce média en France : pour un bon titre adapté en Français, on a eu droit à 10 productions "pourries" tant sur le plan graphique que scénaristique.

      D'un autre côté, le manga est bien le reflet de la société dont il est issu : un produit de consommation comme un autre, vite produit, vite acheté, vite lu, vite oublié. Et comme le dit Messalyn plus bas, les auteurs ont tendance à se reposer un peu trop sur des ficelles énormes vues et re-vues 1000 fois au détriment du risque et de l'innovation. Mais d'un autre côté, ils ne font que répondre à une demande. Bref, c'est un produit de consommation comme un autre.

      J'adore les mangas de Magical Girl, mais ça c'est mon côté régressif. J'avoue que point de vue scénario c'est plutôt pourri et toujours la même chose! Et c'est pareil pour les 3/4 des shojos que je ne supporte plus. Utena avait le mérite d'être original, mais assez hermétique tout de même... Je me souviens que le campus était quand même un sacré concentré de toutes les névroses et psychoses humaines qu'Utena pourfendait à son insu la plupart du temps.

      Je n'aime pas l'interface de Blogspot, je me suis bien habituée à LJ et j'ai la flemme de m'adapter à Blogspot. Même s'il semblerait que la mode maintenant c'est d'avoir un blog et plus un LJ. Mais je préfère raconter ma vie sur LJ, je n'ai pas envie que tout le monde ait accès à mes conneries... Surtout vu le métier que j'exerce, ma présence même sur la toile est très "risquée".

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  3. Les dessins avec écriture me sont personnellement très utiles, car avant qu'une histoire ne daigne s'assembler là-dedans, elle sort souvent par bribes écrites et/ou dessinées. En tant que finalité, que tu dessines pour l'instant ou pour noter des idées réutilisables dans le futur, dans tous les cas, ça ne peut pas te faire de mal. Par contre je ne trouve pas ça aussi clair que ça pourrait l'être. Ca veut dire que de mon côté, je perçois un peu plus de "jolies choses" qu'il en faudrait, et un peu moins de narration qu'il en faudrait.

    Pour moi le manga c'est plus que de la distraction basse c'est sûr, mais c'est aussi 10000 fois plus de points négatifs qu'on en connait, car c'est entre autres une porte ouverte sur le milieu des otaques qui me débecte énormément en dépit de la culture que cela nécessite pour en être un bon. C'est énormément de propos gâchés, surtout, de bonnes idées souillées par des conneries typiques de la culture japonaise, faire trop plaisir au lecteur, se reposer sur des acquis niveau style, faire du profit plutôt que de l'histoire, se répéter bien trop (mon problème avec Utena justement que j'ai beaucoup apprécié pour le dernier épisode, mais suivi gentiment sur la durée comme du sous Lady Oscar avec peu de moyens et beaucoup d'images rediffusées encore et encore, malgré de la bonne trouvaille pour peu de moyens comme justement les interludes avec les ombres, extra eux !). De plus au niveau psychologique de même ça peut être très complexe et en même temps taper pile dans ce que je déteste le plus chez les japonais niveau mentalité (notamment se créer des montagnes sur les apparences). Voilà pourquoi bien que j'adore certains manga à qui je pardonne tout, tout le reste me rend indifférente car trop irritant. Un rapport amour/haine, en somme.

    De même, le yaoi/yuri ne peut pas passer, car trop faux, trop fantasmé. Je comprends que ça peut être frustrant de manquer d'œuvres sur des orientations sexuelles différentes donc je n'en apprécie que plus les rares à jouer ce rôle dans ma culture (là comme ça je vois : le sexe et des filles intéressantes dans L word, les petites débutantes dans Skins s03 et 04, le réprimé avec Dieyi dans Adieu ma Concubine).

    Après effectivement si tu voudrais tout lire on fonctionne assez différemment sur ce point-là car au contraire j'aime la petite quantité qui me permet de tout garder en tête et de faire beaucoup de connexions.

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    1. *o*
      oui, il n'y a pas de narration là dedans, c'est pas clair du tout! comme quand je fais un rêve, je n'y comprend rien. Après c'est sur que mes autres histoires devront l'être, claires.

      Je me dis que le milieu des otaques c'est "pas pire qu'autre chose". Pareil, il y a beaucoup de trucs typiques, récurrents, pénibles dans le manga, mais ça se trouve aussi dans la bd. Quoique à une échelle réduite depuis peut être une dizaine d'année, avec une "nouvelle bd"... qui trouvera peut être de nouveaux stéréotypes.
      J'ai essayé de revoir Utena il y a quelques mois, je ne suis pas arrivée jusqu'au bout pour cause de "trainage en longueur". Les trucs hérissants, je les prend au troisième degré (le truc de la fille émotionnellement instable qui tape et s'énerve ne serait pas un manifeste contre une société ou les gens seraient trop "froids"?)bref, j'ai l'impression qu'en les regardant de loin on peut apprendre des trucs sur la société japonaise.

      Pour le yaoi/yuri, il y en a quelques bons et réalistes sur un paquet de faux. Je pense au "jeu du chat et de la souris", à "nyny", aux œuvres d'Ebine Yamaji. Mais l'hétérosexualité racontée dans la fiction n'est elle pas souvent fausse et fantasmée, aussi? Il y a un manque flagrant de bons yaoi/yuri, mais est ce qu'ils se vendraient? Il faudrait peut être plus pour cela d'histoires ou cette particularité des personnages est réaliste, mais pas au centre de l'action. Difficile. "L word", c'est que du drama entre filles, mais j'adore quand même.

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    2. Bien sûr, c'est valable pour les bds, les films et les séries, même si pour ces 2 derniers je trouve plus mon compte au niveau réalisme relationnel. Mais je suis juste allergique à la mentalité japonaise en fait, d'ailleurs mes films contemplatifs préférés sont chinois (ah bah tiens d'ailleurs ! Il y a La Fille du Botaniste aussi) et pour certains satiriques au 1000ème degré des exactions de leur gouvernement. Je ne m'identifie pas particulièrement aux problèmes de société des japonais, mais pour le coup les anime/manga sont très instructifs sur le sujet. Seulement… une poignée suffit pour comprendre l'idée. En fait c'est comme je dis sur mon blog, je hais les comportements prévisibles, donc 98% de l'hétérosexualité, et comme justement tout est calculé chez les nippons… On dirait que c'est par choix. Au moins avec les chinois on sent toujours cette peur de la puissance au dessus qui finit toujours en hypocrisie et trahison. En gros, j'ai beaucoup aimé les manga, je les ai bien défendus mais j'ai fini par me lasser…

      En tout cas j'adore L Word qui justement arrive à faire de bonnes histoires avec un ton très sexualisant, difficile mais pas impossible donc. Peut-être qu'un jour j'essayerais les titres que tu m'as donné, pourquoi pas ? (par contre en faux et ridicule et hyper sexualisé et complètement déjanté qu'est-ce que je me suis marrée sur Alice in Sexland. La sexualité devrait toujours être rigolote.)

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